Et la jeune femme, pâle et tremblante, ne répondant pas, il ajouta, en souriant d’un air fat :
— Vous m’en voulez d’être resté quarante-huit heures sans vous donner de mes nouvelles ! De la jalousie, ma chère Claude !
À cette plaisanterie de vaniteux, la duchesse faillit ne pas rester maîtresse de son indignation peu s’en fallut qu’elle n’éclatât, mais, faisant sur elle-même un effort surhumain, elle parvint cependant à dire avec un sourire ironique :
— Je sais que la jalousie est un sentiment trop bourgeois pour qu’il me soit permis de le ressentir ou tout au moins de l’avouer. Je suis nerveuse, souffrante, voilà tout ! Excusez-moi.
Et saluant son mari de la main, elle s’esquiva.
— Qu’est-ce que cela signifie ? se demanda le duc dès qu’il fut seul. Eh bien ! il ne me manquerait plus que d’avoir une femme jalouse ! Cela me ferait une jolie existence, si elle apprenait un jour ma liaison avec Léa. Peste ! voilà un mal qu’il faut couper dans sa racine !
Le sot était absolument convaincu que Claude l’adorait, et il trouvait cette adoration toute naturelle.
N’était-il pas encore jeune, beau cavalier, titré ? N’avait-il pas élevé jusqu’à lui cette petite déclassée, sans état-civil avouable, qui devait être trop heureuse d’avoir échangé ses millions contre une situation brillante, un nom remontant aux croisades, une famille alliée à tout le noble faubourg ?
Que voulait-elle donc de plus ? Vraiment elle était trop exigeante !
Que lui manquait-il ? Il ne s’opposait pas à ce qu’elle