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quelque allusion blessante à ta situation. Ah ! pardonne-moi !

— Que je te pardonne, mère chérie ! Et quoi donc ? D’avoir voulu pour moi un rang élevé, le bonheur, et de t’être trompée ? Mais tu souffres déjà plus que moi de ton erreur. Non, je ne crains aucun mot outrageant de la part du duc ; cependant je ne lui dirai rien de ce que je viens de voir et d’entendre. Peut-être ne s’agit-il là que d’un égarement passager, peut-être me reviendra-t-il ? Or tu me l’as recommandé toi-même : une femme intelligente doit avoir de l’indulgence, et il est toujours dangereux de prouver à un mari qu’il a tort.

— Oui, tu as raison, mais moi j’ai le devoir de me renseigner, et je veux le faire. Je vais écrire à Guerrard. Il est impossible qu’il ignore la conduite de son ami. Comment a-t-il gardé le silence ?

— Dans la crainte seule de nous faire de la peine sans doute ; à moins qu’il ne sache rien lui-même.

— C’est impossible !

Claude ne répondit pas, car en se rappelant tout à coup les conseils du docteur, relativement aux demandes d’argent que pourrait lui faire Robert, elle avait la conviction qu’il était plus au courant de tout qu’il ne voulait le paraître.

Elle se souvenait aussi que, moins d’un mois auparavant, elle avait donné sa signature au duc pour un demi-million et en pensant que c’était avec cet argent qu’il subvenait aux dépenses d’une maîtresse, elle éprouvait une telle humiliation qu’elle avait peur de se laisser entraîner à avouer l’imprudence qu’elle avait commise.