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peu, mais ce calme eut pour résultat de lui rendre son isolement plus pénible encore.

Elle s’était si bien habituée à être grand’mère qu’elle regrettait sa petite-fille autant que sa propre fille ; les nouvelles que lui en apportait fréquemment la poste ne lui suffisaient pas. Aussi fit-elle part au docteur un matin de son intention d’aller passer quelques jours à Trouville, où la duchesse pourrait aisément venir l’embrasser et lui amener la petite Thérèse.

— Vous n’y pensez pas, lui observa Paul. Trouville, en ce moment, est un véritable Paris. Cent personnes y connaissent Mme de Blangy-Portal, de vue tout au moins, et elle ne vous aura pas rendu deux visites que ce monde curieux et malveillant se demandera comment elle est liée aussi intimement avec Mme Frémerol.

— C’est vrai, fit douloureusement la pauvre mère, c’est vrai ! Et plus que jamais je dois paraître une étrangère pour Claude !

Elle ne se doutait guère que c’était surtout pour un autre motif que le docteur la dissuadait d’aller à Trouville.

D’abord il savait que la belle Léa y habitait un des chalets de la plage ensuite il avait appris chez son client de la rue Demours quel était le nouveau propriétaire de l’hôtel de la Marcelle, et cette acquisition, bien certainement payée par le duc, ne lui permettait pas de douter de l’empire que sa maîtresse avait sur lui.

Or Guerrard connaissait par expérience la vanité des filles entretenues et la faiblesse de Robert.