Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/340

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

croire, mais, ta jalousie dût-elle s’en effaroucher, je connais cette intéressante personne depuis plus longtemps que toi, et je l’ai toujours considérée comme fort dangereuse. Elle a déjà de nombreuses ruines à son actif. Léa Morton et la dame de pique, c’est trop à la fois ! Une brune et une blonde. Peste ! tu es bigame, illégitimement !

— Bah ! nous le verrons bien. Alors tu n’as rien à me raconter ? Pendant mon absence, il ne s’est rien passé d’intéressant dans notre monde ?

— Rien que je sache ! Les maris ont continué à tromper leurs femmes, et les femmes à tromper leurs maris ou leurs amants. Je le suppose du moins, car pour mon compte…

— Oui, tu es devenu un Caton.

— Je n’avais plus le sou et aucun de mes amis ne m’a trouvé une fiancée avec cinq millions de dot. Il est vrai que je ne m’appelle pas le duc Robert de Blangy-Portal.

— Non, mais tu es beau garçon, savant, spirituel…

— Tu es bien bon !

— Et si tu voulais chercher un peu…

— Grand merci ! Je désire rester célibataire.

— Alors c’est que tu es amoureux ?

— Moi ! Et de qui donc ?

– Dame ! est-ce que je sais ! J’ai toujours eu dans l’idée que tu étais au mieux avec la mère de Claude.

Le duc avait lancé ces mots en riant, mais ils n’en avaient pas moins frappé Paul au cœur. Aussi répondit-il presque sèchement :

— Il ne te manque plus que de supposer qu’à