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nous venons de le voir, lui avait généreusement et imprudemment donné sa signature.

Certain de toucher dans deux jours la somme qui lui était nécessaire, le duc se hâtait donc de rejoindre celle dont il allait satisfaire les caprices avec l’argent de sa femme légitime.

Cela était tout simplement honteux, mais déjà M. de Blangy-Portal n’y regardait pas de si près.

Aussi dit-il gaiement, en trouvant Léa dans son cabinet de toilette, où elle s’habillait :

— Ma chérie, tu peux te mettre en quête d’un nid à ta convenance, je suis prêt à te t’offrir !

— Vrai, bien vrai ! s’écria la Morton en lui sautant au cou. Eh bien ! cela arrive à merveille. La petite Marcelle, tu sais, cette blondinette qui est avec le prince d’Astorg, quitte Paris et vend son hôtel tout meublé, avec écuries, chevaux et voitures. Cela fera joliment mon affaire. Et pour rien, trois cent mille francs, mais comptant.

Le duc réprima une grimace. Il ne croyait pas que la première saignée à son demi-million dût être aussi forte d’un seul et même coup. Il n’en répondit pas moins galamment :

— Va pour trois cent mille francs, si l’hôtel te convient ! Cependant, je trouve cela cher pour le quartier.

— Comment, le quartier ! Rue de Prony ! Ah ! c’est vrai, on y assassine un peu, mais bast !

— On y assassine ?

— Ah ça ! tu ne lis donc pas les journaux ? Il n’y est question que de l’individu qu’on a trouvé tué et dévalisé sur le boulevard de Courcelles, le long du mur de l’hôtel Frémerol.