Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et baisant une seconde fois la main de sa femme, le duc s’esquiva pour entrer dans son fumoir, où il remplit rapidement, comme bon lui sembla, la feuille de papier timbré que la duchesse venait de signer.

Cela fait, il sauta dans le coupé qu’il avait donné l’ordre d’atteler et qui l’attendait.

Quant à Claude, ce fut seulement en se retrouvant seule qu’elle pensa que son mari aurait pu tout au moins prendre son premier repas à l’hôtel, en y rentrant après six semaines d’absence, et qu’elle se rappela la promesse faite par elle jadis au docteur de ne jamais donner sa signature au duc sans lui demander quelques explications.

Pendant ce temps-là, M. de Blangy-Portal passait chez son notaire, Me Andral. Celui-ci lui promit, après avoir pris connaissance de la procuration de la duchesse, de lui verser dans les quarante-huit heures les cinq cent mille francs dont il avait besoin, et cette importante affaire terminée, Robert se fit conduire rue du Cirque, chez Léa Morton.

Cette Léa Morton était une de ces filles comme il en existe tant à Paris, qui viennent on ne sait d’où et vont à l’hôpital ou à la fortune, selon qu’elles rencontrent sur leur route des imbéciles qu’elles ruinent ou des vicieux intelligents qui ne les payent que ce qu’elles valent.

Après avoir mené une existence difficile et couru de chute en chute, Léa avait été tirée de la fange par un Allemand qui l’avait battue comme plâtre, mais en même temps nippée, installée luxueusement et diamantée. Cet amant brutal et généreux parti, elle