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— Ah ! le misérable, le misérable !

La malheureuse avait jeté ce cri avec une telle indignation que le magistrat comprit aussitôt ce qui se passait en elle.

Rose n’avait plaint son mari que parce qu’elle s’en croyait aimée, qu’elle pensait être la cause de sa chute et non parce qu’elle l’aimait elle-même.

Du moment où elle n’avait été entre ses mains qu’un instrument, un pavillon, il n’y avait plus en son cœur place pour aucune pitié à son endroit. Il n’était plus qu’un criminel sans excuse, qui l’avait entraînée dans sa honte. Elle ne pouvait que le mépriser et le haïr.

Elle se souvenait de cette époque, si peu lointaine et dont un abîme cependant la séparait déjà, où gaie, insouciante, repoussant tous les hommages, elle ne songeait pas au lendemain.

C’était à cette existence sans souci qu’il l’avait arrachée par des protestations mensongères pour l’associer à son infamie. Ah ! la loi, la prison, le bagne pouvaient bien le prendre et le garder ! Elle n’avait plus qu’un désir, c’était d’être à jamais séparée de lui.

Dans cet état d’esprit, Rose, on le comprend, ne refusa aucun renseignement à la justice, et grâce à elle, aussi bien que grâce au clerc d’huissier et à ce que la commission rogatoire découvrit à Paris, l’instruction marcha si rapidement que, moins de deux mois après l’arrestation de Jean et de Durest, la Chambre des mises en accusation les envoya tous les deux en cour d’assises.

Aucun des amis, hommes ou femmes, que le faussaire avait eus à Paris n’était compris dans les pour-