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Gontran fut avec la femme de son père, poli, mais peut-être encore plus cérémonieux qu’avant son départ pour la Bretagne.

Au lieu de lui sauter au cou, comme c’eût été si naturel, il lui tendit le front sans lui demander des nouvelles de sa santé.

Il était évident qu’il avait été stylé par sa tante, Mme de Lancrey, qui ne cessait pas de considérer comme une intruse celle qui avait succédé à sa nièce dans le noble hôtel des Blangy-Portal.

— Allons, décidément, se dit Claude, le fils de Robert ne m’aimera jamais, quoi que je tente pour gagner son affection.

Et toute triste, elle rentra dans son appartement, pendant que l’enfant, après un grand salut, montait chez lui avec l’abbé Monnier, qui ne savait quelle contenance tenir et n’osait faire aucune observation à son élève, ne sachant si le duc trouverait mauvais ou bon qu’il s’occupât de ces sortes de choses.

Le dîner qui réunit forcément le fils de Robert et sa femme fut assez triste.

La duchesse ne pouvait questionner Gontran sur l’emploi de son temps en province, ni l’entretenir de son séjour à elle à Verneuil ; elle dut donc se contenter de lui parler des progrès qu’il devait faire avec son précepteur et du plaisir qu’il aurait à passer quelques semaines au bord de la mer.

Le gamin lui répondit brièvement, sans abandon ni entrain, et lorsqu’à la fin du repas, la nourrice amena Thérèse pour que sa mère l’embrassât, cet enfant de dix ans n’eut pas même un mouvement de tendresse pour sa petite sœur.