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de la maternité l’absorbaient moins complètement, puisque sa fille n’avait plus incessamment besoin d’elle, Claude songeait à bien des choses que l’ignorance de la vie avait longtemps éloignées de son esprit.

Elle était ainsi arrivée rapidement à la conviction que si le duc la délaissait, ce ne pouvait être que pour une maîtresse, et bien que cela l’eût peu émue, son orgueil ne s’en était pas moins révolté, et elle avait déploré l’avenir de solitude qui lui était réservé.

Ses sens n’appelaient pas l’amour, mais son cœur en était avide, et comme, dans ses heures d’isolement, elle cherchait chastement, avec sa seule imagination, qui elle aurait pu aimer, elle pensait que Guerrard, dont elle ne connaissait que l’esprit, l’affection et le dévouement, eût été un mari charmant, tel qu’elle l’eût choisi si elle avait eu le droit de se marier à son gré.

C’est dans ces dispositions de l’âme que la duchesse rentra rue de Lille, où M. de Blangy-Portal était attendu pour le lendemain.

Germain avait déjà tout préparé dans l’appartement de son maître, et il apprit à Claude que le jeune Gontran arriverait le soir avec son précepteur. Il avait l’ordre de leur envoyer une voiture à la gare Montparnasse.

Ce retour de l’abbé et de son élevé permettait de supposer que le duc avait l’intention d’emmener sa femme et son fils à Trouville. C’est en effet ce qu’annonça le jeune homme à sa belle-mère, quand, arrivé à l’hôtel, il la rencontra en haut du perron, venant au-devant de lui.