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De plus, elle était certaine que cet individu qui avait dîné à la gare de Mantes avec Mourel était bien Durest et, qu’il fût ou ne fût pas celui qui avait dévalisé le mort, qu’il sût comment et par qui son ami avait été tué ou qu’il l’ignorât, il n’en connaissait pas moins tout son passé à elle, Rose Lasseguet.

Son honneur était donc entre les mains de ce misérable qui, un jour ou l’autre, fatalement, apparaîtrait pour faire payer son silence.

Donc, en admettant même qu’elle ne devînt l’objet d’aucun soupçon et que la justice, s’égarant dans ses recherches, ne parvint pas jusqu’à elle, l’ancien clerc serait toujours là, véritable épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête.

Cet avenir l’épouvantait peut-être plus encore que le présent.

Guerrard parvint cependant à la rassurer et à la calmer assez pour que la duchesse n’attribuât la physionomie préoccupée de sa mère qu’à la tristesse que lui causait son départ, et la soirée se passa sans que Mme Frémerol se trahît un seul instant ; mais le lendemain matin, au moment où elle se séparait de sa fille, à Mantes, elle dit rapidement à Paul, qui retournait à Paris :

— Voyez-vous, mon cher ami, je préfère encore que Claude ne reste pas près de moi, car je crois vraiment que je finirais par lui avouer tout. Je vous en conjure, ne m’abandonnez pas ; il me semble que je perds la raison.

Paul alors promit à Geneviève de venir la voir presque tous les jours et de lui apporter des nouvelles de Paris, où il voulait surveiller M. de Blangy-Portal,