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la saison, ou son père avait-il toujours l’intention de l’emmener à Trouville ?

Sa femme l’ignorait. Elle l’apprendrait sans doute en rentrant à l’hôtel.

Quoi qu’il en fût, la duchesse, vivement affectée de quitter sa mère qu’elle voyait souffrante, faisait ses préparatifs de départ. Elle n’espérait qu’une chose : que Robert partirait seul et qu’elle pourrait alors revenir à Verneuil dans peu de jours.

Quant à Mme Frémerol, elle était au contraire heureuse du départ de sa fille, car tout ce qu’elle avait lu dans les journaux du matin lui causait de mortelles angoisses. Il lui semblait impossible que, renseignée comme elle l’était sur le nom et l’ancien domicile de Dickson, la police ne parvint pas facilement à le retrouver au bagne de Cayenne sous le nom de Jean Mourel, et, de là, à arriver jusqu’à elle.

Ce jour-là, pensait-elle avec terreur, elle serait perdue ou tout au moins l’honneur et le repos de sa fille seraient compromis.

Il était donc préférable, en attendant ce terrible événement, que Claude ne fût pas auprès d’elle, car certainement, à un moment donné, elle n’aurait plus le courage de dissimuler.

Geneviève était en effet dans une exaltation des plus graves. Il lui semblait entendre encore le dernier cri de son mari ; elle croyait toujours le voir sanglant, inanimé. Elle s’attendait à chaque instant à être arrêtée, conduite en prison, traînée sur les bancs de la cour d’assises, condamnée à son tour.

Et cela serait justice, se disait-elle, puisqu’elle avait tué, puisqu’elle était un assassin.