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— Interrogez-moi, monsieur, je vous dirai la vérité, du moins ce que je sais, mais je ne sais pas grand’chose. Pouvais-je me douter de tout cela ? Jean, mon pauvre Jean, c’est pour moi qu’il est devenu criminel c’est son amour qui l’a perdu !

Elle s’était couvert le visage de ses deux mains et sanglotait.

Jugeant avec raison que, pour obtenir d’elle des renseignements complets, il fallait tout d’abord calmer sa conscience, M. d’Orcières lui dit vivement :

— N’ayez pas de semblables remords ! Ce n’est ni pour vous, ni par amour de vous que votre mari s’est fait faussaire.

— Que voulez-vous dire ?

— Au risque de vous causer une grande déception, je dois vous informer de ce que j’ai déjà appris sur la conduite privée de celui que vous plaignez tant. Bien avant de vous connaître, Mourel s’était déjà essayé dans sa coupable industrie, et pendant qu’il vous laissait seule ici, il dépensait à Paris des sommes importantes avec d’autres femmes que vous !

– Avec d’autres femmes que moi ! C’est impossible !

— C’est absolument exact. Son ami Durest m’a donne tous les détails les plus circonstanciés sur l’existence que menait votre mari dès qu’il avait quitté Reims.

— Il me trompait ! Alors pourquoi m’a-t-il épousée, en jurant qu’il m’aimait ?

— Parce qu’il espérait, c’est encore son complice Charles Durest qui parle, qu’en le voyant vivre dans notre ville en honnête chef de famille, on ne le soupçonnerait jamais.