Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/317

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous seriez cruelle, si ce que vous pensez était vrai !

— Pardonnez-moi ! C’est que vraiment je deviens folle. Oh ! ne voyez jamais dans mes paroles ni un blâme, ni l’ombre même d’un reproche. Mon cœur n’est plein que du regret d’avoir aussi mal compris le bonheur de ma fille. Dieu me punit dans mon orgueil. Ah ! parlons d’autre chose ! Alors vous couchez ici ?

— Oui, mais je prendrai demain le train de sept heures cinquante. Je suis censé n’être venu que pour m’assurer de votre état de santé. Vous pensez s’il me tarde de lire les journaux du matin.

— C’est vrai, ils vont tous parler de…

— Ils nous donneront des renseignements détaillés. Le reportage est fait aujourd’hui avec un tel soin que les journaux devancent souvent le parquet. À ce propos, surveillez-vous bien. Votre fille lira probablement le Petit Journal et le Figaro, qu’elle recevra dans la matinée ; n’allez pas vous troubler si elle vous parle d’un homme tué si près du mur de votre parc.

— Ne craignez rien. Viendrez-vous demain soir ?

— Non, à moins que je n’aie quelque chose d’intéressant à vous apprendre.

Et comme la duchesse, qui n’avait laissé sa mère et le docteur que pour aller avec Mme Ronsart coucher la petite Thérèse, rentrait dans le salon où ils se trouvaient, Paul mit la conversation sur un autre terrain, et la soirée s’écoula presque gaiement entre ces trois êtres, dont deux étaient obsédés par de si terribles pensées.