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Après avoir été photographié, le mort inconnu était, selon la coutume, exposé à la Morgue.

— Allons, pensa Guerrard, une fois cette lecture faite, tout espoir n’est pas perdu, à moins qu’au domicile de cet homme, à Paris, domicile qu’on découvrira facilement, s’il est descendu dans un hôtel, on ne recueille des preuves de son identité ! Quoiqu’il en soit, on gardera longtemps, peut-être toujours la conviction qu’il a été tué et volé par des malfaiteurs. Mais comment des rôdeurs ont-ils justement passé cette nuit-là sur le boulevard et au milieu des travaux ? De la chaussée, j’en suis certain, on ne pouvait voir le corps.

Et comme, avec son esprit d’analyse, Paul s’efforçait de percer ce mystère, il s’écria tout à coup :

À moins que ce Mourel ne soit pas venu seul jusqu’à la porte du parc ! Quelqu’un ne l’attendait-il pas ? Eh oui, peut-être. Et ce confident a tout bonnement profité de ce que son ami était mort pour le voler. Alors cet individu m’a vu ! Il ne parlera pas, c’est certain, mais c’est à lui que nous aurons affaire un jour ! Eh bien ! si les choses se sont passées ainsi, nous verrons. Ce jour-là j’agirai en conséquence. S’il le faut, j’entrerai en scène pour jouer mon rôle. Est-ce que, pour elle, je ne suis pas prêt à tout ! Est-ce que je ne lui donnerais pas avec joie ma vie ! Pourquoi l’ai-je offerte pour femme à Robert ? Ah ! le ciel me punit cruellement en me la faisant aimer !

Et cet homme, dont il devenait jaloux, allait revenir, c’est à-dire rentrer, s’il le voulait, lui, l’époux, en possession de ce bien qu’il convoitait, lui, l’ami !

Alors il se prenait à haïr le duc, et la passion faussait à ce point son sens moral, qu’il ne regrettait plus