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Or il se souvenait parfaitement d’avoir couché le cadavre sur un tas de sable, et il se rappelait aussi qu’en se baissant sur Mourel, dans le kiosque, pour s’assurer qu’il ne respirait plus, il avait remarqué une chaîne d’or à son gilet.

Il était impossible que cette chaîne se fût détachée pendant qu’il le transportait. Par conséquent, ou le domestique qui avait donné ces détails à son maître s’était trompé, ou la victime de Geneviève, avant que le jour fût venu, avait été aperçue par des rôdeurs, qui, après l’avoir dépouillée, l’avaient poussée dans la tranchée, afin qu’elle ne pût être vue par quelque passant.

Mais ce n’était là qu’une hypothèse ; elle ne deviendrait une certitude que si le corps de Mourel avait été réellement déplacé. Si cela avait eu lieu, il était hors de doute que, pendant quelque temps du moins, la police allait suivre une fausse piste.

Toutefois, si intéressant qu’il fût pour lui d’être fixé sur ce premier point, le docteur ne voulut tenter aucune démarche personnelle ; il attendit tout simplement la mise en vente des journaux du soir, dans lesquels il lut, vers quatre heures, un récit absolument semblable dans chacun d’eux.

C’était bien dans la tranchée que l’assassiné avait été découvert, sans argent sans bijoux, sans papiers.

On n’avait réellement trouvé sur lui qu’un trousseau de clefs, quelques francs en monnaie, doux louis, et au fond de l’une des poches intérieures de son vêtement une carte sans adresse, au nom de William Dickson.