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quel malheur que la pauvre chérie n’ait pas le droit de vous aimer, elle aussi !

Plus ému qu’il ne voûtait le paraître, Guerrard s’enfuit sans prononcer un seul mot, et quelques secondes plus tard, au moment où il hésitait un peu, en raison de son état d’esprit, à faire demander à la duchesse si elle pouvait le recevoir, il se trouva précisément en face d’elle, tout à coup, dans le hall du rez-de-chaussée.

Claude, toujours très matinale, se préparait à descendre dans le parc.

— Vous, cher docteur, fit-elle en lui souhaitant le bonjour d’un amical sourire ; je ne vous savais pas à la villa !

— J’avais oublié, madame, des notes importantes, répondit Paul, et je suis revenu hier soir par le dernier train avec votre mère. J’étais, d’ailleurs, fort heureux de l’accompagner, car elle me paraissait un peu souffrante.

— Souffrante ! Je cours bien vite !…

— Oh ! ce n’était rien ; une grosse migraine. Je viens de la voir ; elle va déjà beaucoup mieux.

— Vous m’avez fait peur ! Chère et bonne mère ! Et vous partez ?

— Mes malades me réclament.

— Alors je ne vous retiens pas. À propos, j’ai reçu des nouvelles de Robert. Il m’annonce son retour très prochain. Je vais être obligée de rentrer à Paris. Je n’ai pas besoin de vous dire combien cela me désole. Je me faisais de plus en plus à cette existence tranquille. Je crois vraiment que je n’étais pas née pour être duchesse.