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rait-il être autrement ? Claude n’est pas heureuse je le crains, quoiqu’elle ne se plaigne jamais. Si vous l’aimez, vous souffrirez, car vous êtes un honnête homme et elle est incapable de manquer à ses devoirs ; mais vous nous défendrez plus énergiquement encore. Savez-vous, mon ami, où m’a conduite cet horrible événement ? À regretter mon ambition maternelle, à croire que j’ai mal agi en faisant de mon enfant adorée une duchesse.

— Et grâce à moi, cela !

— J’aurais dû la donner à un bon et loyal garçon tel que vous, en ne lui cachant rien du passé. Comme nous serions forts aujourd’hui ! Ah ! nous avons été bien mal inspirés tous les deux !

Guerrard ne savait que dire. Les yeux baissés, il frissonnait à cette pensée que cette jeune femme dont l’avenir était si compromis aurait pu être à lui, à lui qui l’eût adorée à genoux.

Cependant, faisant appel à toute sa volonté, il releva la tête et reprit :

— Ce qui est fait est fait ! Ne songeons qu’au présent. Je vous le répète : bon courage. Si votre fille est visible, je vais aller la saluer et j’en profiterai pour l’informer que vous êtes un peu souffrante. Cela la préparera à vous voir les traits fatigués et, de cette façon, vous n’aurez pas de longues explications à lui donner : une séance trop longue avec votre notaire, des comptes à vérifier, n’importe quoi, enfin !

Et comme il s’était levé en tendant la main à Geneviève, celle-ci l’attira à elle et l’embrassa avec effusion, en murmurant :

— Si le duc est pour sa femme ce que je pense,