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— Il est évident que s’il vous a écrit, votre silence prolongé l’a exaspéré. Vous ne vous êtes jamais préoccupée de ce qu’il devenait là-bas, au pénitencier ?

— Au contraire ! À une certaine époque j’ai fait prendre des renseignements auprès des autorités de Cayenne. C’est alors que j’appris qu’il s’était évadé, en compagnie d’autres condamnés dont les cadavres avaient été retrouvés à demi dévorés par les fauves. On ne put cependant m’affirmer qu’il était mort, et je devais attendre le laps de temps fixé par la loi pour obtenir un jugement de déclaration d’absence. Vous comprenez bien que je n’ai jamais osé en arriver là. Il aurait fallu avouer qui j’étais !

— Et c’est cela qui vous a empêchée de devenir Mme Berquelier ?

— Cela seulement ! Si j’avais pu avoir l’acte de décès de mon mari, j’aurais été trop heureuse et trop fière de porter le nom d’un honnête homme qui me proposait en outre de reconnaître Claude. Pauvre chère adorée ! Ah ! je vous jure que, par reconnaissance et par amour maternel, j’aurais été une épouse irréprochable.

— Vous ne vous doutez pas comment votre mari est arrivé à vous découvrir et à apprendre aussi exactement ce que vous avez fait depuis votre départ de Reims ?

— Non ! Et cependant il avait laissé à Reims des amis. Correspondait-il avec eux ? Je l’ignore. Du reste personne ne savait ma nouvelle existence, ni quel nom j’avais pris, sauf Mme Ronsart, et certes ce n’est pas elle qui a parlé. Mais, j’y pense, il y a un nommé