dénonciateurs dans les crimes de faux monnayage. Peut-être les magistrats qui jugeront Mourel trouveront-ils que vos révélations ont été bien tardives et n’ont rien appris à la justice.
Cette façon si nette d’apprécier sa conduite faillit faire perdre à Durest toute son assurance. Il n’en reprit un peu que quand M. d’Orcières lui dit :
— Mourel dépensait donc beaucoup d’argent à Paris. Où demeurait-il ? Vous ne pouvez l’ignorer, puisque vous l’avez fréquemment accompagné. Il ne descendait pas à l’hôtel ?
— Non ; il habitait 42, rue de l’Est, près du Luxembourg, un petit appartement qu’il avait loué sous le nom de Raymond Bernard.
— Et où il menait une existence de plaisirs que vous avez souvent partagée avec lui ?
— Oh ! bien rarement, au contraire. M. Tellier ne me permettait pas de m’absenter ainsi de Reims.
— Mourel a conservé cet appartement depuis son mariage ?
— Oui, monsieur.
— Alors pourquoi s’est-il marié ? Il ne pouvait pas avoir une bien grande affection pour celle dont il a fait sa femme, puisqu’il l’oubliait si complètement à Paris.
— Je crois que Jean espérait détourner de lui les soupçons en demeurant à Reims en ménage régulier.
— Oui, ça doit être cela ! C’est bien, je n’ai pas d’autres questions à vous adresser aujourd’hui. Signez votre interrogatoire.
Le triste sire obéit et, cela fait, demanda au juge d’instruction :