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pas d’hésitation ; allez-vous-en vite, bien vite ! On n’a rien entendu, c’est certain, sans quoi, déjà, l’un de vos gens serait ici. Dans cinq minutes, je vous aurai rejointe.

Et, prenant Geneviève par le bras, il lui fit traverser la pièce, où elle dut en quelque sorte frôler du pied le cadavre de Mourel puis, après s’être assuré qu’elle retournait à la maison, il rentra, chargea le mort sur ses épaules, éteignit les lumières, quitta le pavillon et se dirigea rapidement vers la sortie du boulevard.

Arrivé là, il se débarrassa de son lugubre fardeau, entr’ouvrit la porte et inspecta le dehors.

La nuit y était aussi profonde que dans le parc. Il ne vit pas une ombre qui se tenait immobile, accroupie derrière un amas de matériaux.

Alors il vint reprendre le cadavre entre ses bras et, se glissant le long du mur de clôture, il le porta au delà de l’endroit où ce mur unissait, jusqu’à un chantier de construction, où il l’étendit sur un tas de sable, au bord de la tranchée creusée par les ouvriers de la voirie.

Ensuite, se dissimulant dans l’ombre, en rampant, il regagna la petite porte, la franchit, la ferma derrière lui à double tour, enleva la clé de la serrure, la remit à sa place ordinaire, tira les verrous et se rendit de nouveau au kiosque.

En songeant que le meurtre y avait peut-être laissé des traces, il voulait les faire disparaître.

Mais il n’en était rien. Grâce à la bougie qu’il avait allumée, il s’assura qu’il n’existait nulle part, ni sur le parquet, ni sur les meubles, une seule goutte de sang.