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— Qu’allons-nous devenir ? Ma fille ! ma pauvre enfant !

Paul courut à elle, la prit dans ses bras, la transporta de l’autre côté de la pièce, auprès de la fenêtre, et, là, lui dit :

— Voyons, amie, du calme, je vous en conjure ! Que s’est-il passé ? Cet individu vous a menacé sans doute ; vous vous êtes défendue ; c’était votre droit, vous étiez chez vous.

— Mais cet homme que j’ai assassiné, c’était mon mari !

— Votre mari !

— Ah ! oui, c’est vrai, vous ne le savez pas non plus, vous, comme les autres, comme personne ! Ah ! j’aurais dû tout vous dire. Celui qui est là s’appelait Jean Mourel. Il a été condamné au bagne il y a vingt ans. Je le croyais mort. Claude n’est pas sa fille. Il voulait me la prendre, tout faire savoir au duc. Alors j’ai perdu la tête ! La colère, la douleur, le désespoir m’ont enlevé la raison et… Oh ! mon Dieu ! mon Dieu !

— Vous l’avez tué ; vous avez bien fait !

La Frémerol se redressa brusquement.

— Eh ! sans doute, vous avez bien fait, reprit Guerrard, que la pensée de l’horrible révélation dont avait été menacée celle qu’il aimait affolait a son tour. Vous avez frappé dans le cas de légitime défense !

— Mais ce corps, ce cadavre ?… Lorsqu’on saura…

— On ne saura rien, je me charge de tout ! Courez à l’hôtel, préparez-vous à partir et attendez-moi !

— Qu’allez-vous faire ?

— Vous sauver, vous sauver tous ! Je vous en prie,