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je n’y voyais rien de suspect, mais seulement, au contraire, la démonstration, qui devait me paraître évidente, de la vérité de ses affirmations. Il ne cessait de reproduire des dessins et, vingt fois, il me donna à lire les lettres de ceux qui lui commandaient ses travaux d’artiste.

Soit ! fit M. d’Orcières mais vous n’avez pas été longtemps sans connaître plus exactement la véritable industrie de Mourel. Après avoir été sa dupe, comme vous le dites, vous êtes devenu son complice.

— Malgré moi, monsieur, bien malgré moi.

— Expliquez-vous.

— Oh ! rien n’est plus simple. J’avais donc mis en circulation, le plus innocemment du monde, un certain nombre de billets faux, quand, un jour, je finis par me douter de quelque chose. J’étais passé chez Jean en revenant de recette ; j’avais quinze cents francs dans ma sacoche ; je ne le lui cachai pas, et il me proposa aussitôt de lui donner cette somme, qui était en or et en pièces de cinq francs, contre une somme égale en billets de banque. Cela me surprit un peu, car, enfin l’or et l’argent sont embarrassants, et, lorsque j’eus réfléchi, je me demandai comment un graveur pouvait avoir une si grande quantité de billets.

— Vous n’en avez pas moins fait ce change ?

— Eh oui ! en toute confiance.

— M. Tellier n’a pas été surpris que vous lui rapportiez autant de billets, alors que, précédemment, vos recettes étaient représentées par des monnaies de toutes sortes ?

— Le patron ne m’a fait aucune observation.