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heures et demie, lorsqu’elle donna elle-même le signal du départ.

Dix minutes après, le coupé qu’un chasseur du restaurant avait fait avancer déposait Mme Frémerol et son ami devant l’hôtel de la rue de Prony.

En entendant la voiture s’arrêter, le concierge avait ouvert ; Geneviève et Paul traversèrent la cour et trouvèrent en haut du perron le valet de chambre qui les attendait.

Se conformant aux ordres qui lui avaient été donnés dans l’après-midi, le vieux domestique avait servi le thé dans le boudoir qui précédait cette galerie, où, deux années auparavant, la mère de Claude avait reçu le duc de Blangy-Portal.

Par une serre qui existait à son extrémité, cette galerie communiquait avec le jardin.

— Je n’ai plus besoin de vous, dit la maîtresse de la maison à Dupuy, lorsque celui-ci l’eut débarrassée de son manteau ; vous pouvez remonter chez vous. Il est probable que je ne coucherai pas à l’hôtel, et M. Guerrard me conduira jusqu’à la station des voitures. Si je reste, je vous sonnerai demain matin.

Le médecin était un trop vieil ami de la maison pour que sa présence à pareille heure semblât étrange au valet de chambre. Il s’inclina et sortit.

Demeurée seule avec son hôte, la mère de Claude lui servit une tasse de thé et, se laissant tomber dans un fauteuil, elle murmura, toute pâle :

— J’étais si heureuse cependant !

— Voyons, fit Paul, en se rapprochant d’elle, je ne vous reconnais pas ! Vous si forte, si énergique ! Si vous craignez vraiment quelque chose de cet homme,