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« Ah ! ce ne fut pas difficile. Mêlé à la foule, je guettai son arrivée par le train du matin à Mantes, un dimanche, et avant même, qu’elle eût rejoint sa voiture, j’étais édifié.

« La dame de Paris était tout simplement Mme Mourel ; non plus la petite Rose, jolie à ravir, vrai bouton de rose, comme nous disions autrefois, mais une femme dont je ne saurais te peindre le grand air et la beauté.

« Cristi ! Paris transforme joliment les provinciales ! Ta femme, dans un autre sens, mon vieux, a fait encore plus de chemin que toi

« Quant à sa parenté avec Mlle Claude, il m’a été trop facile de m’en rendre compte, car au moment où elle montait dans sa voiture, la demoiselle lui a sauté au cou en l’appelant : « Maman. »

« J’ai été tout remué, parole d’honneur ! et mes yeux, sous leurs lunettes bleues, se sont remplis de larmes. Tu n’aurais pas été moins ému que moi à ce touchant tableau !

« Ce qui ne va pas être commode, par exemple, c’est de savoir comment Mme Mourel a fait fortune, car elle habite Paris. Où ? je n’en sais rien, et Paris, je ne voudrais pas m’y faire pincer par la police.

« Enfin, je vais réfléchir. Nous voilà sur la piste, et en attendant que nous arrivions au gîte, tu peux toujours envoyer de tes nouvelles à Mme Frémerol, villa Claude, à Verneuil, près Mantes, Seine-et-Oise.

« Ah par exemple, je crois bien qu’elle ne te répondra pas plus que jadis. Il n’y a vraiment que moi qui te reste fidèle.

« Charles Durest. »