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expliquer un jour son arrivée à la Guyane anglaise.

Tout d’abord, lorsqu’ils comprirent que leur cher malade allait leur faire des confidences qu’ils ne songeaient pas à lui demander, les frères Welter voulurent l’empêcher de parler, mais Mourel insista et leur dit :

— Si je vous cachais plus longtemps d’où je viens, ce dont vous vous doutez bien un peu, je serais indigne de la pitié que vous avez eue pour moi. Oui, je suis un évadé de Cayenne, où j’ai été transporté pour y subir la peine à laquelle, à la suite de la Révolution de 1848, on m’a condamné, en cherchant même à m’enlever l’honneur. Je me suis enfui sans commettre aucun crime, ni même aucun délit, car la pirogue sur laquelle j’ai pu arriver jusqu’ici, je l’avais achetée. Les autorités françaises ne songeront donc jamais à demander mon extradition, qu’on ne leur accorderait pas. Si pareille sommation avait été adressée au gouverneur, vous en auriez déjà entendu parler, puisque, dans ce cas, une enquête est faite sur la côte. Soyez assez généreux pour ne pas dire mon véritable nom, si vous l’avez lu dans les papiers que renfermait ma ceinture.

— Nous ne les avons pas même ouverts, interrompit vivement l’honnête Charly.

— Cela ne m’étonne pas de votre part. Je prendrai ici un nom étranger, un nom anglais, n’importe lequel, Dickson, William Dickson par exemple, et comme j’ai un métier qui me permet de gagner honorablement ma vie partout, je m’en irai à Georges-Town jusqu’à ce qu’une amnistie ou le renversement de l’Empire me permettent de revoir ma patrie, ainsi que les