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qui avait appris un peu d’anglais depuis son arrivée à Cayenne, fut en état de le comprendre :

— Ne craignez rien pour ce que vous aviez sur vous. C’est là, dans un coffre, bien à l’abri.

Charly voulait parler de la ceinture de cuir que son frère et lui avaient trouvée sous les vêtements de Jean, ceinture contenant plus de sept mille francs en or et en billets de banque.

Cette somme était composée des économies que le faussaire avait faites au bagne et au pénitencier et de ce qu’il avait reçu de France à plusieurs reprises, de sources inconnues, des éditeurs pour lesquels il avait travaillé jadis, pensait-il.

— Merci, répondit le malade, en serrant avec reconnaissance la main de son hôte. Il faut prendre de mon argent tout ce dont vous aurez besoin, non seulement pour moi, mais aussi pour vous-mêmes.

— Nous compterons plus tard, quand vous serez guéri.

Cette guérison demeura incertaine plus de trois mois, après lesquels l’ex-pensionnaire de Saint-Laurent, encore bien faible, put sortir un peu, se traîner, à l’aide de béquilles, jusqu’au bord de la mer, où il aurait dû mourir cent fois et où il avait, au contraire, retrouvé la liberté.

Quelques semaines après, quand il fut tout à fait entré en convalescence, comprenant qu’il ne pouvait garder plus longtemps le silence sans éveiller de fâcheux soupçons dans l’esprit de ses généreux sauveurs, qui ne l’avaient jamais questionné, il se disposa à leur raconter l’histoire qu’il avait imaginée à leur profit, lorsqu’il s’était demandé comment il pourrait bien