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pas un peu On ne manquerait pas de dire que c’était pour satisfaire à ses goûts de dépense que Mourel était devenu faussaire. N’avait-elle pas exigé, en effet, que Jean eût cinq mille francs d’économies pour lui accorder sa main !

Elle se souvenait avec horreur de cette condition qu’elle avait mise à son mariage et, s’accusant de tout le mal, sanglotait sur le sort de celui qu’elle pensait avoir conduit au crime.

Au même instant à peu près, le commissaire de police et l’inspecteur de la Sûreté étaient reçus par le procureur de la République et lui rendaient compte de leur mission.

Elle avait eu un résultat inespéré qui simplifiait beaucoup les choses.

Il n’y avait plus qu’à remettre l’affaire à l’instruction, ce que fit, séance tenante, le chef du parquet.

Le juge instructeur près le tribunal de Reims était à cette époque M. d’Orcières, un magistrat plein de savoir et de distinction. Les prévenus n’avaient à redouter de lui ni menaces, ni pièges indignes. Il allait loyalement à son but, n’ayant d’autre souci que de rechercher la vérité, n’admettant pas qu’il suffit qu’on fût conduit devant lui pour être considéré comme coupable, avant même d’avoir été entendu.

C’était toujours une bonne fortune pour lui de pouvoir, en toute conscience, conclure par l’avis d’une ordonnance de non-lieu, et il eût pensé s’abaisser en luttant de ruses et de mensonges avec ceux qu’il interrogeait.

L’affaire dont il était chargé n’allait pas d’ailleurs lui présenter de grandes difficultés à vaincre.