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La première lettre qu’il reçut fut de M. Duval.

« Mon pauvre garçon, lui répondait l’éminent avocat, je ne puis que vous répéter ce que je vous ai dit jadis à Toulon. Personne ne sait ici ce qu’est devenue votre femme. Le bruit court qu’elle a gagné honteusement beaucoup d’argent, mais ce n’est peut-être qu’une légende.

« En tout cas, on ignore le nom qu’elle porte et où elle demeure.

« Vous le voyez, le mieux est de ne plus penser à elle. Ne songez qu’à améliorer votre situation par une bonne conduite, qui hâtera votre libération, et mon intérêt ne vous abandonnera pas. »

Quelques semaines après, ce fut de son complice qu’il eut des nouvelles.

La lettre de Durest le peignait bien tel qu’il avait été autrefois et tel qu’il était resté, tortueux et hypocrite.

La voici :

« Mon brave Jean,

« Je suis enchanté d’apprendre que tu es en bonne santé et que tu supportes courageusement ton exil à la Guyane.

« C’est égal, nous payons cher tous les deux la faute que nous avons commise, moi surtout, qui n’ai été coupable que pour toi ; mais ce temps d’épreuve expiré, il nous restera de longues années devant nous pour nous refaire une situation honorable.

« Moi, j’en ai encore pour un peu plus d’un an, et après, grâce au petit héritage de ma digne tante d’Asnières sur lequel je compte toujours, j’ouvrirai un