Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blique, il en prit courageusement son parti et le suivit sans l’ombre de résistance.

Quant à Rose, après avoir vu pratiquer dans sa chambre à coucher et dans les autres pièces de sa maison des perquisitions qui ne firent rien découvrir de nature à la compromettre, elle assista à la pose des scellés sur la porte de l’atelier et ne put répondre que d’un mouvement de tête, lorsque le représentant de l’autorité lui dit, avant de se retirer avec M. Morin :

— Ne craignez rien, il ne vous arrivera aucun mal, mais demeurez ici, à la disposition de la justice. Il est probable que le juge d’instruction vous fera appeler aujourd’hui même.

Mais quand elle se vit seule, Mme Mourel se mit à pleurer, en songeant aux conséquences des événements qui venaient la surprendre sinon en plein bonheur, du moins en pleine tranquillité.

Celui dont elle portait le nom était un faussaire ; ce nom allait être déshonoré ; Jean serait envoyé au bagne ! Alors que deviendrait-elle ?

Comment n’avait-elle jamais eu de soupçons !

Est-ce qu’elle n’aurait pas dû comprendre qu’un graveur, si habile qu’il fut, ne pouvait gagner honnêtement tout l’argent que son mari avait rapporté de Paris depuis qu’il l’avait épousée ?

Cette petite maison, devenue par ses soins un nid charmant, avait été payée avec le produit de son industrie criminelle. Il lui semblait que le parquet lui brûlait les pieds. Ses belles robes, ses bijoux, son joli mobilier, les moindres objets qui l’entouraient, tout cela, tout était volé !

Est-ce qu’on croirait jamais qu’elle ne s’en doutait