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Indiens, auxquels le gouvernement colonial payait une prime pour chaque évadé qu’ils arrêtaient.

Or Jean Mourel ne voulait être le héros d’aucune de ces tragiques aventures.

Aussi, pendant les premiers mois qu’il passa à l’île Royale, occupé dans les bureaux, grâce aux bonnes notes avec lesquelles il était arrivé, étudia-t-il avec soin la topographie de la Guyane, et les meilleurs moyens de recouvrer la liberté sans tomber sous le coup d’une demande d’extradition.

Il apprit ainsi que la Guyane anglaise était un asile inviolable pour ceux des transportés de Cayenne qui pouvaient y atteindre, après s’être évadés sans avoir commis de meurtre pour aider à leur évasion, tandis que la Guyane hollandaise, qui n’est séparée, il est vrai, de la colonie française que par le fleuve le Maroni, n’était lieu de refuge que pont les repris de justice et les libérés, ceux-là qui, condamnés postérieurement à la loi de 1852, ne devaient jamais revoir la France.

Ce n’était pas là le cas de Jean. Le jour où il s’évaderait, il ne pourrait donc avoir pour objectif que la Guyane anglaise.

Mais tenter d’y parvenir par l’intérieur, après avoir traversé d’abord le Maroni, puis tout le territoire hollandais, il savait que c’était impossible.

En effet, dans ce voyage à travers une contrée à peu près inconnue, semée de cours d’eau rapides et profonds, habitée par des peuplades cruelles et indépendantes, couverte de taillis impénétrables, véritables jungles pestilentielles, sans chemins tracés, le fugitif n’a pas que les difficultés de la route à vaincre et que les hommes pour ennemis.