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XI

ODYSSÉE D’UN FORÇAT


La Fortune était une vieille corvette de 30, qui allait exécuter son troisième voyage de Toulon à Cayenne, avec des forçats.

Dans sa batterie désarmée, il existait de bout en bout, le long de la muraille, tribord et bâbord, de grandes et solides cages que séparait un large chemin ménagé au centre du bâtiment et où se tenaient, nuit et jour, des surveillants l’arme au bras.

De plus, à l’arrière de la batterie, deux caronades chargées étaient braquées sur les cages, où il y avait place, dans chacune, pour une douzaine d’hommes. Elles recevaient le jour et l’air nécessaires par les sabords garnis d’épais barreaux de fer.

Dans ces compartiments, où les transportés couchaient dans des hamacs, ils étaient libres de s’occuper à leur guise et ils en sortaient deux fois par jour, pour se promener sur le pont, à l’avant. Sauf le boujaron d eau-de-vie, que les matelots reçoivent tous les