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Mme Ronsart habite toujours Reims, mais je crois bien qu’elle n’en sait pas plus que les autres, ou qu’elle ne veut pas parler, car on n’a rien pu obtenir d’elle quand on l’a interrogée. Si j’apprends quelque chose d’intéressant, je vous l’écrirai.

— Merci bien, monsieur, et merci surtout de l’intérêt que vous daignez me témoigner. Lorsqu’on nous fera connaître les conditions de la déportation, je partirai peut-être.

— Vous aurez raison. J’ai la conviction que, là bas, vous vous tirerez d’affaire et que votre peine sera réduite de cinq ans au moins. Avez-vous besoin d’argent ?

— Oh ! non ! je suis riche, trop riche, et, de plus, le caissier de la chiourme a reçu dernièrement pour moi, d’un inconnu, une somme de cinq cents francs.

— C’est sans doute l’un des éditeurs pour lesquels vous avez travaillé autrefois.

— C’est possible, car, bien certainement, ce n’est pas de Mme Mourell !

Jean avait prononcé cette phrase d’un ton haineux, et comme Me Duval s’était levé, il l’imita, pour l’accompagner jusqu’à la mâture, où son guide l’attendait.

— Allons, bon courage, lui dit, arrivé là, son ancien défenseur. Si vous avez besoin de mes conseils, écrivez-moi. Au revoir !

Et après avoir tendu, en honnête homme que nul contact ne peut souiller, sa main au forçat, qui la pressa respectueusement dans les siennes, il s’éloigna.

Cette visite devait décider du sort de Jean Mourel.

Il avait bien lu dans les journaux, qu’on laissait à sa