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nombre d’années, et ceux des anciens condamnés, qui, en ce moment à Toulon, à Rochefort ou à Brest, voudront aller benéficier là-bas des avantages qui leur seront accordés.

— Quels avantages ?

— Considérables, surtout pour les hommes de votre catégorie et de votre intelligence : une liberté relative, les moyens de fonder de petits établissements agricoles ou autres, la perspective de rapides réductions de peine, et certainement, un jour prochain, le droit de se marier ou de faire venir leur femme ou leur famille.

— Leur femme ! Est-ce qu’un forçat pourra contraindre sa femme à le rejoindre à la Guyane ?

— Non, mais il se trouvera peu d’épouses soucieuses de leurs devoirs qui ne s’empresseront de répondre à l’appel de leur mari.

— J’en connais une, moi ! une qui me coûte cependant l’honneur et la liberté !

— Celle-là, Jean, est une triste exception. N’y songez plus. Je ne sais ce qu’elle fait en ce moment, mais elle a quitté Reims honteusement, et Dieu sait comment elle a tourné ! Le mieux est de ne plus vous en occuper du tout. Elle est partie pour Paris avec le jeune Albert Rommier, mais celui-ci est rentré deux mois après dans notre ville ! Le bruit a couru qu’il avait laissé sa maîtresse enceinte, mais comme il s’est gardé de donner à ce sujet des renseignements qui n’auraient pas été flatteurs pour lui-même, on ignore en réalité ce qu’est devenue cette malheureuse après l’abandon de son séducteur.

— Sa tante doit avoir de ses nouvelles ?