Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pendant les longs mois qu’il avait été soumis à la « grande fatigue, » il s’était efforcé de chasser de son esprit le drame de sa condamnation, comme s’il eût craint que des souvenirs, trop vivement évoqués, ne lui enlevassent un peu du courage dont il avait besoin ; mais dès qu’il fut délivré de la promiscuité de chaque heure qu’il avait subie depuis son arrivée au bagne, dès que, désaccouplé, il n’eut plus à la jambe que la partie de la chaîne tenant à la manille, et qu’il dissimulait dans l’intérieur de son pantalon pour l’accrocher à sa ceinture de cuir ; dès qu’il put être seul, même sans Rabot, pour se rendre au bureau où il avait remplacé une célébrité criminelle, l’assassin de Cécile Combette, Louis Bonnafous, en religion frère Léotade, qui venait de mourir, en protestant toujours de son innocence, à partir de ce moment-là, Jean songea au passé etvoulut savoir ce qu’étaient devenus sa femme et Charles Durest.

Dans ce but il écrivit à Reims, à une vieille parente qui n’avait pas cessé de le plaindre, puis à Clairvaux, à l’ex-clerc de Me Tellier, mais les réponses qu’il reçut au bout d’une quinzaine de jours ne lui apprirent pas grand’chose.

Durest était toujours à la maison centrale, où il ne se trouvait pas trop mal, car en raison de ses connaissances en procédure, on l’employait à la copie des dossiers de la prison, et la parente de Jean ignorait ce que faisait Rose et où elle était.

Il est probable que la bonne femme savait, comme toute la ville, que Mme Mourel avait été enlevée par Rommier ; Mais persuadée, ainsi que beaucoup de monde, que Jean avait été conduit au crime par amour