Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pièces de vingt francs, j’ai dit que je t’en parlerais.

— Tu as eu tort.

— Oh ! pas tant que ça, car je n’ai pas laissé supposer que tu dirais oui ; j’ai même ajouté que je croyais que tu ne voulais plus que combiner à la flanc, travailler honnêtement.

— C’est certain.

Ce n’était pas le moins du monde par probité que Jean ne voulait pas redevenir faussaire, mais tout simplement par prudence. Sachant que les évasions tournaient toujours fort mal, il se souciait peu d’endosser une complicité qui ne lui aurait rapporté qu’une prolongation de peine, sans compter la bastonnade, la double chaîne et le cachot.

— Alors, je vais tout simplement leur dire que c’est non, termina Pierre.

Et, se levant, il fit comprendre, du geste, aux forçats qui attendaient près de là que son ami refusait.

Ces hommes s’éloignèrent avec un juron de menace, mais Mourel et Rabot devaient supposer néanmoins que les choses en resteraient là, lorsque le lendemain matin, au moment où ils allaient partir pour « la grande fatigue, » on vint les chercher par ordre du directeur du bagne.

Pendant la nuit, un mouchard avait entendu ses compagnons de tollard parler de leur évasion, ainsi que du refus du n° 2817, dont ils se promettaient de tirer vengeance, et il avait tout raconté à l’adjudant de la chiourme. Celui-ci, après avoir bouclé au ramas ceux qui projetaient de s’évader, avait fait immédiatement son rapport à l’autorité supérieure.

— Ainsi, demanda le commissaire de la marine à