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Quand, après avoir pris place sur la couche horrible auprès de Pierre, Jean sentit qu’il y était retenu, comme une bête fauve, à l’un des barreaux de sa cage, il ferma les yeux pour ne plus voir autour de lui, il se boucha les oreilles pour ne plus entendre le bruit sinistre que faisaient, avec leurs fers, ses compagnons en s’agitant sur le tollard, et alors la tête entre ses mains, il laissa couler silencieusement ses larmes, larmes de honte et de rage tout à la fois.

Pour la première fois peut-être depuis son départ de Reims, il avait le sentiment complet de son abjection, il se souvenait tout à fait.

Il se rappelait ce qu’il avait été, comprenait bien où il était descendu et, voulant s’imaginer, pour s’excuser lui-même de son crime, qu’il y avait été conduit par son amour pour Rose, ainsi que, trompé par son client, l’avait plaidé si éloquemment son défenseur, Me Duval, pour attendrir le jury, il se sentait haïr de plus en plus celle qu’il accusait de l’avoir impitoyablement abandonné après avoir causé sa perte.

Qu’était-elle devenue ? pensait-il. Comme elle devait le mépriser et se moquer de lui, dans les bras d’un autre ! Oh ! il saurait bien la retrouver un jour pour se venger !

Puis, lorsque Mourel eut maudit et pleuré pendant de longues heures, le calme lui revint un peu brisé de fatigue, il s’endormit, et le lendemain, au point du jour, quand le sifflet de l’adjudant des chiourmes donna le signal du réveil, il était déjà, de nouveau, prêt à toutes les épreuves.

S’il avait eu un métier, s’il avait été cordonnier, tailleur ou serrurier, par exemple, on l’aurait immédia-