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Il se dit qu’il n’avait que vingt-sept ans, était d’une excellente santé, que, grâce à son intelligence et à son instruction, les travaux forcés seraient moins pénibles pour lui que pour tant d’autres, car bien certainement, après un certain temps d’épreuve, on l’emploierait dans les bureaux de l’arsenal ; et en pensant aussi qu’il obtiendrait peut-être, dans quelques années, une réduction de peine, il était résolu a accepter les plus rudes corvées sans murmurer, afin de gagner, par sa bonne conduite, une rapide amélioration de son sort.

Grâce à cette philosophie ou plutôt à ces raisonnements fort sages, lorsque, dix jours après son départ de Reims, le mari de Rose Lasseguet mit pied à terre dans la grande cour du bagne de Toulon, sa physionomie ne portait pas trace d’abattement, ni même de fatigue.

Ce fut d’une voix calme qu’il répondit à l’appel de son nom, et comme, de tous les arrivants, il était le mieux tourné et que ses traits n’étaient pas ceux d’un homme violent, le commissaire de la marine, qui assistait à la réception de ses nouveaux pensionnaires, le remarqua. Aussi, après avoir pris connaissance de sa feuille de route, esquissa-t-il un sourire de satisfaction.

Jean Mourel n’était pas un de ces criminels sanguinaires et dangereux qui rendaient si difficile la surveillance et nécessitaient fréquemment des répressions terribles. C’était déjà une bonne note à son actif.

Il n’en fut pas moins astreint, ainsi que les autres, à prendre le bain réglementaire dans l’une des bailles