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s’il a gagné la Guyane anglaise, sa présence n’y ayant pas été signalée par les autorités de Georges-Town.

« On croit plutôt qu’il a succombé aux privations et aux fatigues dans les forêts vierges que traverse le Maroni, car on a retrouvé, sur les rives de ce fleuve, qui sépare les Guyanes française et hollandaise, les ossements de fugitifs dévorés par les fauves.

« Toutefois, dans l’incertitude où on était du sort de Jean Mourel, et les preuves de sa mort faisant défaut, son acte de décès n’a pu être dressé. Il n’a même pas été pris à son endroit un jugement de déclaration d’absence, ce jugement ne pouvant d’ailleurs être obtenu que cinq ans après la disparition de l’absent, à la demande de sa femme — ce Mourel était marié — ou à la requête de ses héritiers, s’ils ont intérêt à le faire. »

Le document s’arrêtait là.

Or ce délai fixé par la loi était à peine expiré ; de plus, un jugement de déclaration d’absence n’aurait pas rendu à Rose Lasseguet sa liberté, le code civil ne reconnaissant pas que le mariage d’un absent est dissous après quelque nombre d’années que ce soit, mais, article 439, que l’époux absent dont le conjoint a contracté une nouvelle union est seul recevable à attaquer ce mariage.

L’époux remarié n’est pas considéré comme criminel, les tribunaux rompent son second mariage et l’excusent comme ayant agi de bonne foi, mais voilà tout !

Comprenant donc que demander un jugement