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un peintre qui commençait à devenir célèbre et lui plaisait beaucoup : Raymond Dartois ; et moins d’une année après, sous le nom de Geneviève Frémerol, ou plutôt la Frémerol — nom d’un petit village des environs de Reims — elle était classée parmi les plus élégantes et les plus jolies des reines du demi-monde.

Déjà il ne restait plus rien en elle de la provinciale ; elle était une Parisienne pur sang, grâce à ce don d’assimilation qui est le propre des filles d’Eve et qu’elle possédait au suprême degré.

Il ne fut pas malaisé, dès ce moment, de prévoir qu’elle ferait fortune, pour peu qu’elle montrât un peu d’esprit de conduite.

C’est ce qui arriva.

Dans le milieu intelligent où elle vivait l’ancienne petite modiste compléta son instruction un peu sommaire ; le sentiment du beau qui était en elle se développa, et comme la nature lui avait donné beaucoup de tact, elle sut rapidement, sans qu’on le lui enseignât, recevoir à merveille, éviter d’être banale et se faire beaucoup d’amis.

Elle se gara surtout des relations compromettantes, féminines ou masculines. Bref, elle manœuvra si adroitement à travers tous les écueils, que quatre ans à peine s’étaient écoulés depuis son arrivée à Paris qu’elle y occupait déjà, dans le monde des artistes, une situation exceptionnelle.

Sa beauté était dans tout son éclat, elle avait acquis une sorte de distinction relative, et comme elle ne parlait qu’à propos et des choses qu’elle, savait bien, elle passait même pour avoir infiniment d’esprit.

Ne sachant pas d’où elle venait, on croyait que la