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vert, ce qui a conduit les Américains, nos maîtres en semblable matière, sans doute parce que les contrefacteurs sont chez eux plus nombreux et plus habiles que partout ailleurs, à créer leurs banknotes qu’on appelle green-backs, c’est-à-dire dos verts.

Mais si l’imitation des billets de la Banque de France était relativement peu difficile en ce qui concernait la gravure, ce qui l’était davantage, c’était la fabrication du papier.

Bien rarement l’opérateur le réussissait complètement ; quelques détails presque invisibles du filigrane lui échappaient, et tel billet qui, posé à plat, paraissait irréprochable, trahissait son origine criminelle lorsqu’on l’examinait avec un certain soin, en le plaçant verticalement entre l’œil et la lumière du grand jour.

Sans entrer dans plus de détails techniques, Jean Mourel avait été dénoncé par un de ces oublis.

Après avoir remboursé un certain nombre de billets faux, l’administration de la Banque, secondée par la police, en avait inutilement cherché la source à Paris, mais après en avoir reçu plusieurs de sa succursale de Reims, elle avait supposé logiquement que c’était là qu’opérait son rival, et, cette première piste suivie, elle était arrivée aisément, grâce au flair et à l’expérience de M. Morin, au résultat que nous venons de raconter.

L’avant-veille, en descendant, rue du Bouloi, de la diligence qui faisait alors le service de Reims à Paris, — le chemin de fer de l’Est n’existait pas encore — le mari de Rose avait été arrêté, et il était aussitôt revenu dans sa ville natale par le même moyen de locomotion, mais en compagnie de l’inspecteur de la Sû-