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— Je ne veux pas essayer de vous prouver qu’il ne vous serait pas déjà si facile d’atteindre votre but. Évidemment vous pouvez faire un scandale qui retombera sur ma fille et sur moi. Mme de Blangy-Portal y perdra peut être la considération qui l’entoure, l’affection et le respect de son mari mais, vous, que gagnerez-vous à tout ce bruit ? La loi dont vous parlez tant ne vous donnera pas tout ce que vous espérez. Pour obtenir une séparation que je n’ai pas songé à demander jadis, j’invoquerai votre longue absence, votre condamnation, votre mort civile, et les tribunaux décideront en ma faveur. Vous en serez pour votre tentative odieuse. On comprendra qu’il n’y a dans vos revendications qu’une question d’argent. Eh bien ! cette question-là, pourquoi ne pas la traiter entre nous ? Combien voulez-vous ?

— Cela dépend ; je ne suis pas encore fixé, répondit cyniquement le misérable. De plus, vous vous trompez peut-être ; vous êtes toujours fort belle, je vous ai beaucoup aimée… et vous êtes ma femme.

Mme Frémerol ne retint pas un geste de dégoût.

Jean ne parut pas s’en être aperçu et poursuivit :

— Enfin, je puis avoir l’ambition de devenir quelqu’un, de me créer une situation. Or j’ai dans mon noble gendre un protecteur naturel et tout-puissant.

— Vous êtes fou ! Ce ne sont là que des moyens pour faire payer plus cher votre éloignement et votre silence ! Voulez-vous, oui ou non, que cet horrible passé meure entre nous ? J’y mettrai le prix nécessaire, mais vos menaces ne m’effraient pas. Je ne puis rester plus longtemps avec vous. Réfléchissez, faites-moi connaître vos conditions, ou sinon j’irai moi-