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les choses complètement en état, il suffirait d’une demande en rectification d’état civil. La mère qui a fait une fausse déclaration, — car elle est faussaire aussi bien que l’a été jadis son mari, — ne serait pas même poursuivie, la prescription lui étant acquise ; mais Mme la duchesse de Blangy-Portal reprendrait son véritable nom, et comme elle s’est mariée sans l’autorisation de son père, son mariage serait déclaré nul. C’est la loi. Ah ! je connais la loi. Je l’ai apprise à mes dépens.

C’étaient là de si incontestables vérités que Geneviève ne pouvait tenter de les repousser.

L’évadé de Cayenne avait certainement entre les mains la preuve de tout ce qu’il avançait. Son plan était bien arrêté. S’il avait attendu aussi longtemps avant de le mettre à exécution, ce n’était évidemment que parce qu’il avait voulu entrer en campagne armé de toutes pièces et invulnérable. L’issue de la lutte était aisée à prévoir. Aussi la malheureuse femme, malgré toute son énergie, commençait-elle à trembler.

Elle voyait sa fille mêlée à cette horrible aventure elle voyait s’écrouler dans la honte tout cet édifice d’orgueil et de bonheur que son amour maternel avait élevé, et cette épouvantable perspective la disposait à tous les sacrifices.

Oui, ce qu’exigerait cet homme, elle le ferait. Sans doute il ne voulait que de l’argent ! Elle lui en donnerait autant qu’il en demanderait : un million, davantage même, s’il s’engageait à disparaître.

Elle avait ralenti le pas et, tout à coup, s’arrêta, pour dire à Mourel :