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Elles ne sortaient guère de la villa que pour faire de longues promenades dans les superbes avenues de platanes et de marronniers qui descendaient jusqu’à la Seine.

Le bras de la duchesse sous le sien, heureuse de sortir avec elle, sans se cacher, comme elle était forcée de le faire à Paris, au Bois ; toute fière de répondre aux saluts que leur adressaient les gens du pays, qui la connaissaient et l’aimaient pour sa grâce et sa charité, surveillant d’un regard chargé de tendresse et d’orgueil le bébé que portait la nourrice, Geneviève oubliait le passé.

Elle ne voulait plus savoir ce qu’elle avait été jadis ; elle ne se rappelait ni les fêtes brillantes dont son hôtel de la rue de Prony avait été le théâtre, ni cette cour d’adorateurs pour lesquels sa disparition soudaine demeurait un mystère, ni même qu’elle avait été belle et qu’elle l’était encore.

Elle n’était plus que mère et grand’mère dans toute l’acception du mot et Claude sentait croître encore son affection filiale, de même que Guerrard admirait cette transformation de l’ancienne maîtresse d’Adolphe Berquelier en femme tout entière au devoir et à l’amour maternel.

Ni Mme Frémerol, ni sa fille n’avaient jamais remarqué deux individus, étrangers à la commune, qui souvent les attendaient à l’entrée de l’une des avenues, se dissimulaient derrière les arbres pendant qu’elles passaient et hâtaient ensuite le pas, afin de retrouver l’occasion, en s’arrêtant plus loin, de les croiser de nouveau.

Les choses étaient ainsi et duraient depuis déjà