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mère à la porte de Me Andral, rue Royale, Paul lui donna rendez-vous rue de Lille, où il ne manqua pas de se rendre dès qu’il eut terminé les quelques visites qu’il avait à faire chez ses malades.

— Eh bien ! demanda-t-il à Mme de Blangy-Portal, lorsque Germain l’eut introduit dans le salon où elle l’attendait, que voulait votre notaire, si tant est toutefois que vous pensiez pouvoir me le confier ?

— Oh ! oui, certes, répondit Claude en riant, car ce n’est pas bien grave, et je ne comprends rien aux circonlocutions dont Me Andral s’est servi pour me dire une chose aussi peu importante. Il avait tout simplement besoin de ma signature pour vendre ou engager je ne sais quels titres, afin de se procurer deux cent mille francs que Robert désire mettre dans une opération de terrains à Luchon.

— Vous lui avez donné cette signature ?

— Séance tenante.

— Sans rien savoir de l’affaire ?

— Est-ce que j’y aurais compris un seul mot ! Vous avez l’air de me désapprouver ?

— Je ne saurais me permettre de le faire.

— Mais vous pensez que j’ai eu tort.

— Je vous l’ai dit : le duc n’a jamais eu conscience de la valeur de l’argent, et comme je sais qu’il y a dix-huit mois à peine, il a eu à sa disposition un demi-million ; que, de plus il a touché près de trois cent mille francs, revenus de votre dot, somme que votre existence, si luxueuse qu’elle soit, n’a pas coûtée, j’ai peur qu’il ne se lance de nouveau dans quelques opérations dangereuses pour sa bourse… surtout pour la vôtre.