Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Attaché à une grande compagnie d’assurances sur la vie, il avait besoin, disait-il, de se mettre au courant des dernières naissances qui s’étaient produites dans la commune, afin de pouvoir faire ses offres de service aux chefs de famille.

Cet examen n’étant interdit par aucun règlement, mais toléré, au contraire, l’employé remit lui-même le registre de l’état civil à l’inconnu.

Alors cet homme, rapidement, transcrivit sur une feuille de son carnet trois ou quatre déclarations de naissance, et en particulier celle que M. de Blangy-Portal et Guerrard avaient dictée quelques instants auparavant, sans se douter que quelqu’un s’y intéresserait le jour même.

Cela fait, il remercia poliment, s’éloigna d’un pas monotone, les bras ballants, la physionomie calme et muette, mais à peine eut-il tourné le coin de la rue que, se frottant gaiement les mains, il prit en courant le chemin de Mantes.

Il y arriva en moins d’un quart d’heure, pour grimper dans la chambre qu’il occupait depuis plusieurs jours à l’hôtel du Débarcadère, tout près la gare.

Une fois chez lui, notre personnage s’enferma, enleva ses lunettes, opération qui, s’il l’eût faite en public, aurait permis de remarquer son affreux strabisme, et s’installant à une petite table sur laquelle était tout ce qu’il fallait pour écrire, il traça les lignes suivantes :

« Mon vieux Jean, tu es grand-père depuis hier de mademoiselle Thérése-Anne, fille légitime du duc Robert de Blangy-Portal et de Claude-Alexandrine Lasse-