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– Vous pouvez compter sur moi. Ne suis-je pas moralement responsable de votre bonheur puisque je vous ai mariée ! Si vous étiez malheureuse un jour — oh ! ce qui n’arrivera pas, j’en suis convaincu – je ne me le pardonnerais jamais !

Le docteur avait prononcé ces mots avec une telle chaleur, un tel accent de dévouement que Claude, profondément touchée, lui tendit aussitôt les deux mains, en disant avec un de ses doux regards :

— Non, cela n’arrivera pas. Néanmoins, merci, merci de tout mon cœur !

Puis ils parlèrent pendant quelques instants encore de choses moins intimes, et Paul quitta l’hôtel pour se mettre à la recherche de M. de Blangy-Portal.

Au cercle de la rue Boissy-d’Anglas, où le docteur se rendit d’abord, il ne trouva pas Robert, mais il y apprit que son ancien compagnon de plaisir venait presque tous les soirs au club, après la sortie des théâtres, vers minuit, et qu’il faisait partie d’un petit groupe de joueurs qui hasardaient à un jeu tout nouveau pour les gens du monde, le bésigue, des sommes considérables.

Cela prouvait que le duc sacrifiait encore à son vice d’autrefois, d’une façon moins dangereuse, il est vrai, que quand il passait ses nuits à tailler des banques ouvertes.

Avoir abandonné le baccara, où les pertes peuvent être illimitées et ruiner un millionnaire en quelques heures, c’était déjà de la part de M. de Blangy-Portal un sacrifice dont il fallait lui tenir compte ; aussi Paul ne s’inquiéta-t-il pas outre mesure de ce qui se passait, et le lendemain matin, lorsqu’il vint trouver son ami