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calme, ni trop exaltée. Fais ta maison aussi charmante que possible. Que le duc soit forcé de se trouver chez lui mieux que partout ailleurs. Le secret du bonheur conjugal est là tout entier ! »

C’est d’après ces conseils fort sages, qui témoignaient de l’expérience et du bon sens de Mme Frémerol, que Claude s’était conduite, et lorsqu’elle se vit enceinte, ne songeant plus qu’à sa maternité, elle se préoccupa encore moins que par le passé de ce que faisait son mari en dehors de chez lui.

Il en advint alors ce qui était à craindre de la part d’un égoïste tel que Robert ! il saisit la balle au bond pour se rendre plus libre que jamais ; il affirma à la duchesse qu’il était de mauvais ton de se faire voir en public dans l’état où elle se trouvait, que cela appartenait seulement aux petites bourgeoises et aux femmes du peuple, et Mme de Blangy-Portal, dès le sixième mois de sa grossesse, ferma presque son salon et ne sortit plus qu’en voiture.

La solitude d’ailleurs ne lui pesait pas ; elle préparait avec amour le trousseau du petit être qu’elle attendait, ne désirant pas plus un fils qu’une fille, prête seulement à adorer l’enfant qui naîtrait d’elle, ne partageant en rien les craintes de son mari d’avoir un héritier, ni les espérances opposées de Mme Frémerol de devenir grand’mère d’un comte de Meursant, puisque c’était là, dans la famille de Blangy-Portal, le nom et le titre que recevait le second fils à sa naissance.

Une seule chose attristait Claude, c’était de ne plus aller de temps en temps à Verneuil.

Robert, simulant des craintes chimériques, s’oppo-