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jour fixé, et ce jour-là, en effet, à six heures du soir, la vieille demeure des Blangy-Portal présentait un coup d’œil absolument féerique.

On s’y serait cru reporté à cette époque déjà lointaine où le père de Robert, ambassadeur de Sa Majesté Charles X, donnait les fêtes luxueuses dont le souvenir était toujours vivant dans le quartier.

Le grand vestibule, les salons et la salle à manger avaient été transformés en jardins. Ce n’étaient partout que fleurs et arbustes ; et, de la part de chacun des invités, dont certains étaient venus disposés à la critique, ce ne fut qu’un mouvement d’admiration à la vue de la jeune duchesse.

Dans sa toilette de faille blanche, sans autre bijou qu’une admirable rivière de diamants dont les feux faisaient encore ressortir la blancheur marmoréenne de ses épaules, elle n’était pas seulement remarquablement belle, mais encore remplie de grâce et de distinction.

Au fur et à mesure que ses invités arrivaient, le duc les présentait à sa femme, en lui répétant le nom que Germain avait lancé du seuil du grand salon ; elle trouvait pour chacun d’eux un mot aimable, et quand, au bras du vieux prince d’Andalt, elle précéda ses hôtes dans la salle à manger, l’opinion de tous était faite ; elle était déjà reconnue grande dame dans l’acception complète du mot.

Le repas fut exquis, la soirée se prolongea fort tard, et vingt-quatre heures après, il n’était question dans le faubourg Saint-Germain que de la beauté, de l’élégance, du ton parfait de la duchesse Claude.

M. de Blangy-Portal, qui avait un peu redouté cette