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C’est tout à la fois amusant et stupide. Alors vous savez…

— M’en voulez-vous de m’être intéressée, oh ! discrètement, en femme seulement dévouée, à l’emploi que son seigneur et maître faisait de son temps ? Est-ce qu’on hasarde là-bas beaucoup d’argent ? Gagnez-vous, au moins ?

Claude avait dit cela d’un ton si enjoué et un si joli sourire aux lèvres que M. de Blangy-Portal n’osant même, si blessé qu’il fût, lui demander qui l’avait si bien renseignée, lui riposta en riant lui-même :

— Certes non, je ne gagne pas ; je perds, au contraire, quelques centaines de louis ; ce qui est absurde !

— Pourquoi ? Si cela vous amuse ! Quelques mille francs de plus ou de moins, quelle importance cela a-t-il pour nous ? Sans compter que j’entends dire qu’il est de beaucoup préférable de jouer ici plutôt que partout ailleurs.

— Sans doute, sans doute ! au moins on n’est pas volé, et c’est fort intéressant. Cependant, c’est assez, et nous allons retourner à Paris.

La vérité, c’était que Robert, ayant perdu près de deux cent mille francs, empruntés à un banquier de Nice, où il était allé jouer presque tous les jours, éprouvait une sorte de honte d’avoir manqué aussi vite à son serment, et qu’il craignait d’être l’objet, dans les journaux boulevardiers, de quelques échos malveillants où, en racontant ses nouvelles mésaventures de tapis vert, on ne manquerait pas de rappeler les millions qu’il avait si heureusement trouvés dans la corbeille de mariage d’une petite roturière inconnue.