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Son mari allait-il recevoir dans son hôtel fermé depuis si longtemps, et quelle maîtresse de maison serait la nouvelle venue dans le faubourg ?

Y serait-elle accueillie, ou la mettrait-on en quarantaine ?

Et comme on savait qu’après n’avoir fait qu’une station de quelques instants, une sorte de visite, rue de Lille, M. et Mme de Blangy-Portal étaient partis pour une destination inconnue, on pensa que le duc ne s’était décidé à ce voyage de noce, excursion démodée, à laquelle les petites gens seules restent fidèles, que pour donner à sa femme le temps de s’accoutumer à son titre, et aussi pour la former aux usages d’un monde qui lui était si complètement étranger.

Il y avait un peu de vrai dans tout cela ; mais Robert s’était sauvé surtout pour échapper à la curiosité dont il prévoyait que la duchesse et lui seraient l’objet, pendant quelques semaines tout au moins, et aussi pour brusquer la séparation de Claude et de sa mère.

Il s’était dit qu’en mettant entre elles plusieurs centaines de lieues, elles s’habitueraient tout de suite à ne plus se voir, ce qui leur rendrait moins douloureux l’éloignement dans lequel elles seraient condamnées à vivre dans l’avenir, à Paris même.

Car le duc, une fois marié et en possession des millions gagnés par le brave Berquelier, ne s’était plus du tout dissimulé qu’il avait fait là un mariage peu digne de son nom, et sans s’arrêter à aucun plan de conduite trop précis, il avait cependant l’intention formelle de restreindre les relations de Claude avec sa mère.

Il savait bien que Mme Frémerol tiendrait toutes ses